Profil provincial : Manitoba

L’histoire des institutions au Manitoba commence en 1890, avec ce qui s’appelait à l’origine le Home for the Incurables à Portage la Prairie. Cette institution a reçu d’autres noms honteux depuis, mais nous connaissons maintenant ce groupe de bâtiments comme le Centre manitobain de développement (CMD). Au fil des ans, l’institution a pris de l’expansion hébergeant près de 1 200 personnes étiquetées comme ayant une déficience au sommet de ses activités. On y a placé tellement de gens que le surpeuplement a amené la province à convertir le sanatorium de Ninette en une nouvelle institution, le Pelican Lake Training Centre, en 1973.

Le sanatorium de Saint-Boniface, à Winnipeg, a également été fondé en 1931 par les Sœurs Grises afin d’accueillir les personnes étiquetées comme ayant une déficience intellectuelle. En 1974, ce sanatorium a été rebaptisé le St. Amant Centre.

Heureusement, le mouvement visant la désinstitutionnalisation au Canada prenait de l’ampleur. Les collectivités qui connaissaient l’histoire de la façon dont on avait enfermé des personnes dans des institutions pendant plusieurs décennies ont commencé à faire quelque chose. La « Welcome Home Initiative »a vu le jour en 1982 lorsque 220 personnes ont pu trouver un endroit où aller vivre dans la collectivité pour enfin quitter les institutions qui les avaient emprisonnées. Depuis, un grand nombre de personnes œuvre au sein d’organismes de défense des droits et de services; des membres de la collectivité, des organismes juridiques, le gouvernement, les médias et des élèves, se sont eux aussi joints aux personnes qui défendent leurs droits afin de créer un changement.

Des milliers de survivants et de survivantes et d’alliés ont réussi à mieux faire connaître aux gens ce que des personnes vivent dans les institutions.

En 1996, Ron et Jean Nobes se sont opposés à la décision d’envoyer leur fils Derek au CMD. Dans leur entrevue présentée dans le module un, tu as appris comment leur lutte pour la liberté de Derek a mené à la création d’une nouvelle loi au Manitoba. La Loi sur les personnes vulnérables ayant une déficience mentale protège les droits et la sécurité des personnes ayant une déficience intellectuelle. Le Pelican Lake Training Centre a ensuite fermé ses portes en 2000, grâce aux activités de défense des droits d’Intégration communautaire Manitoba.

Alors qu’environ 400 personnes habitaient toujours au CMD en 2004, la province a annoncé un investissement de 40 millions de dollars pour améliorer l’infrastructure des bâtiments. Cette décision a provoqué une résistance renouvelée aux institutions au Manitoba et, en 2005, des manifestations ont été organisées à l’Assemblée législative de la province. En 2008, le film documentaire The Freedom Tour a été présenté afin de mieux faire connaître le mouvement. Des survivants et des survivantes et leurs alliés ont parcouru des milliers de kilomètres afin de transmettre leur message : « Libérez nos semblables! »

Pendant la tournée intitulée Freedom Tour, des survivants et des survivantes ont parcouru des milliers de kilomètres en voiture pour faire entendre leur message : « Libérez nos semblables ».

En 2010, Intégration communautaire Manitoba a déposé une plainte relative aux droits de la personne au nom des personnes qui habitent toujours au CMD. Le gouvernement a conclu un règlement. Cela a mené à la libération de 49 personnes du CMC et à un renouvellement de l’engagement à fournir un soutien accru aux personnes qui vivent dans la collectivité. Avec l’aide d’Intégration communautaire Manitoba, un guide a été élaboré pour aider les résidents et les résidentes du CMD, leurs familles et les décideurs à prendre connaissance des options de vie dans la communauté. En même temps, le centre St. Amant est devenu un important fournisseur de services d’intégration communautaire au Manitoba, en offrant aux personnes et leurs familles des options de logement, des soins à la famille et des services de sensibilisation.

Le processus de fermeture des institutions au Manitoba se poursuit. En 2018, un recours collectif alléguant que le gouvernement n’a pas pris soin des résidents et des résidentes vivant au CMD et ne les a pas protégés a été déposé. L’instance liée à cette affaire est toujours en cours. Le 29 janvier 2021, le gouvernement du Manitoba a annoncé son intention de fermer le Centre manitobain de développement. L’institution fermera ses portes d’ici 2024, ce qui permettra personnes du Manitoba de se concentrer sur leur guérison et sur leur rétablissement. Au Manitoba, on s’est fermement engagé à faire en sorte qu’il n’y ait plus jamais d’installation pour les personnes étiquetées comme ayant une déficience.

Dans le cadre de ta réflexion sur les institutions au Manitoba, examine l’histoire de Ann Hickey :

Ann était une résidente du CMD qui est décédée à l’institution en 2011. Selon les témoignages, elle aurait été étranglée par une ceinture de sécurité qui avait servi à l’attacher dans son fauteuil roulant. La nouvelle de son décès et les détails relatifs à celui-ci n’ont pas été immédiatement communiqués à sa famille et à ses amis. Une enquête de coroner a été menée sur son décès, renouvelant l’appel à la fermeture du CMD. Une enquête de coroner est une enquête menée par un juge, un jury ou un représentant du gouvernement afin de déterminer la cause du décès d’une personne.

Voici quelques liens qui mènent vers des articles sur le décès d’Ann Hickey :

Images du Manitoba

ÉTUDE DE CAS :

Recours collectif intitulé « les citoyens ont le pouvoir de créer du changement »

« Cela ne sera vraiment pas difficile pour moi, absolument pas… j’espère qu’ils savent à qui ils ont à faire. »

— David Weremy

David Weremy est un résident du Manitoba et un défenseur des droits des personnes ayant une déficience intellectuelle de vivre en société. Il était l’une des principales vedettes du film documentaire The Freedom Tour. Il était aussi l’un des réalisateurs du film documentaire sur les institutions dans les provinces des Prairies.

M. Weremy a lui-même résidé au Centre manitobain de développement (CMD) alors qu’il était âgé de 14 ans à 29 ans. Il a consacré sa vie à raconter l’histoire du CMD et d’autres institutions. Ce faisant, il a tenté d’aider les personnes qui ont été laissées pour compte dans une institution. Parlant des années au cours desquelles il a vécu au CMD, M. Weremy a dit : « C’était un mauvais endroit où vivre. Un très mauvais endroit. »1

En 2018, M. Weremy a décidé de passer aux actes et est devenu un plaignant dans un recours collectif de 50 millions de dollars déposé contre le gouvernement du Manitoba. M. Weremy intente une poursuite contre le gouvernement du Manitoba et exige qu’il soit tenu responsable pour ce dont lui et d’autres résidents et résidentes du CMD ont été victimes.

Qu’est-ce qu’un recours collectif?

Il s’agit d’une poursuite qui donne à une personne le pouvoir de représenter un groupe de personnes ayant une demande semblable. Les personnes représentées par cette personne forment ce que l’on appelle un « groupe ». Dans sa poursuite, M. Weremy représente d’autres personnes qui ont aussi vécu au CMD et qui ont vécu les mêmes expériences que lui.

Que s’est-il passé au CMD?

Les articles ci-dessous te permettront de lire des histoires de violence sexuelle et physique subie par les résidents et les résidentes du CMD. Il est difficile pour M. Weremy de parler de ces souvenirs. Il croit toutefois qu’il est important de mettre en lumière ce qui lui est arrivé. Ce ne sont pas tous les résidents et toutes les résidentes du CMD qui souhaitent parler de leurs expériences, mais M. Weremy tient absolument à ce que sa voix soit entendue. Il se préoccupe des personnes qui ont quitté les institutions, mais qui vivent avec des souvenirs d’abus, ainsi que des personnes qui y habitent toujours.

La poursuite n’a pas été facile pour M. Weremy, mais il poursuit son travail avec conviction. Le gouvernement du Manitoba a répondu aux allégations indiquées dans cette poursuite. Le communiqué de presse ci-dessous te permettra d’apprendre ce que M. Weremy a répondu à la défense du gouvernement.

En février 2021, M. Weremy a entendu dire que la province du Manitoba avait finalement promis de fermer le CMD. Il a appelé l’un de ses amis et lui a annoncé la nouvelle en versant des larmes de joie. Plus tard, lorsqu’un journaliste lui a demandé comment il se sentait à la suite de cette nouvelle, M. Weremy a répondu ce qui suit : « Je suis heureux. »

Suggestions de lecture :

Ces articles de médias provinciaux présentent l’histoire en évolution du recours collectif intenté par M. Weremy.

Questions qui portent à réflexion :

  • Que penses-tu de la façon dont les médias ont fait état de cette poursuite?
  • Selon toi, quelles qualités une personne doit-elle avoir pour intenter une poursuite et tenir tête à un gouvernement provincial pour lui dire qu’il a eu tort?
  • Prends quelques instants pour trouver de nouveaux articles sur cette poursuite et discuter de ce que tu as trouvé. Où en est l’affaire aujourd’hui? Selon toi, comment cette affaire se terminera-t-elle? Sur quelles preuves fondes-tu ton hypothèse?

L’espoir en 2021 M3.V2

Dans cette vidéo, tu entendras le témoignage de Janet Forbes. Janet est directrice exécutive d’inclusion Winnipeg. Elle parle de ce qui se passe au Manitoba à l’heure actuelle et de ce qui s’en vient alors que nous planifions l’avenir.

Questions à examiner :

  1. Qu’est-ce qui t’as le plus choqué dans ce que tu as appris sur les institutions au Manitoba?
  2. Quelles questions aimerais-tu poser?
  3. Qu’est-ce qui se passe au Manitoba qui montre que les citoyens et les citoyennes ont le pouvoir de changer les choses?